La mise à l’herbe : une transition à ne pas négliger

Mise à l'herbe. Un poney Shetland brun broute de l’herbe dans une prairie, avec un autre équidé en arrière-plan.

Le retour en pâture est souvent un moment attendu avec impatience… mais pour le système digestif du cheval, c’est une transition complexe.

Le printemps est là, les prés verdissent, et le moment tant attendu de la mise à l’herbe approche. Pour beaucoup de chevaux, cela rime avec plus de liberté, de mouvement et de contacts sociaux. Mais sous cette apparente simplicité se cache un processus délicat qui mérite toute notre attention : la transition alimentaire. Comment accompagner au mieux son cheval pour bien vivre la mise à l’herbe ?

POURQUOI UNE TRANSITION ALIMENTAIRE EST NÉCESSAIRE ?

Le cheval est un herbivore monogastrique : il possède un seul estomac, contrairement aux ruminants comme la vache. Son système digestif est long et particulièrement sensible. Il est conçu pour digérer une alimentation riche en fibres, pauvre en sucres, et consommée en petites quantités de façon quasi continue tout au long de la journée.

Avec l’arrivée du printemps, l’herbe change de nature. Elle devient plus jeune, plus tendre, mais aussi beaucoup plus riche : en sucres solubles rapides (fructanes), en protéines, et souvent plus pauvre en fibres selon la phase de repousse. Si le cheval n’y est pas préparé, ce changement brutal peut perturber son équilibre digestif.

Une transition trop rapide peut provoquer :

  • Diarrhées : l’intestin peine à gérer l’excès de sucres et de protéines
  • Coliques : un déséquilibre du microbiote intestinal et des fermentations anormales peuvent entraîner des douleurs importantes
  • Fourbure : l’excès de sucres peut provoquer une inflammation grave du pied
  • Perte ou prise de poids rapide : le métabolisme peut se déséquilibrer
Illustration en transparence du squelette d’un cheval montrant le trajet du système digestif en rouge, de la bouche jusqu’au rectum.

Schéma du système digestif du cheval

Comment faire une mise à l’herbe progressive ?

Voici quelques conseils pratiques :

  • Accès progressif à l’herbe : commencez par 15 à 30 minutes par jour, puis augmentez progressivement (par tranches de 15 à 30 minutes tous les 2 à 3 jours) sur 2 à 3 semaines
  • Laisser le foin à volonté même pendant la transition : cela maintient l’apport en fibres et régule l’appétit
  • Sortir de préférence le matin : l’herbe peut être moins chargée en sucres solubles qu’en fin de journée
  • Évitez les pâtures trop riches ou récemment fertilisées (notamment avec de l’azote)

Et les probiotiques, dans tout ça ? Lors de la mise à l’herbe, la flore intestinale doit s’adapter à une nouvelle alimentation. C’est un peu comme réorganiser toute une équipe en pleine activité.
Un soutien sous forme de probiotiques (levures vivantes, ferments lactiques…) peut aider cette adaptation en maintenant un bon équilibre intestinal, en particulier chez les chevaux sensibles, sujets aux coliques ou en convalescence.

et le lien avec les émotions ?

Un changement d’environnement, même positif et attendu, peut générer du stress chez le cheval.

La transition vers la vie au pré peut être source de nombreuses émotions :

  • Excitation à la vue du pré et des congénères
  • Peur ou inquiétude de la séparation et de la nouvelle organisation du groupe
  • Hypervigilance
  • Réactivités nouvelles

Ces états émotionnels influencent directement le système digestif via ce qu’on appelle « l’axe intestin-cerveau » : un lien direct entre le système nerveux et le système digestif.

Un cheval stressé produit davantage de cortisol, une hormone du stress qui ralentit la digestion et fragilise l’équilibre intestinal. C’est pourquoi le bien-être émotionnel est tout aussi essentiel que l’aspect alimentaire.

Des approches naturelles comme le shiatsu pour aider à relâcher les tensions physiques et émotionnelles, les fleurs de Bach, ou encore des approches douces de transition peuvent aider à vivre ce passage plus sereinement.

Un cheval bai se tient debout dans une prairie verdoyante, baignée par la lumière du soleil.

observer, c’est prévenir

Je vous invité à être attentif à votre cheval et à l’observer :

👉 Son comportement change-t-il ? (plus nerveux, apathique, excité, …)
👉 Ses crottins sont-ils différents ? (plus mous, malodorants, alternance selles dures/liquides, …)
👉 Est-ce qu’il a du mal à se déplacer ?
👉 Comment est son attitude au pré ? Son appétit ? Son intégration avec ses congénères ?

L’observation quotidienne permet de repérer les signaux d’alerte et d’agir rapidement.

Deux chevaux, l’un blanc et l’autre alezan, se tiennent tête contre tête dans un geste d’affection.

Le retour à l’herbe est souvent un moment de plaisir, à condition d’y aller en douceur. Une transition progressive, une observation attentive du cheval et une attention à son bien-être digestif et émotionnel sont essentiels. Vous avez un doute ou une question ? N’hésitez pas à faire appel à un professionnel de la santé équine pour vous accompagner.